Correns, 1er village bio de France
(Source : Le Figaro.fr - Cyril Hofstein - 12/10/07)
Depuis 1997, la production du village de Correns, dans l’arrière-pays varois, est issue à 95 % de l’agriculture biologique, ce qui en fait le «premier village bio de France » !
Pourtant, ce petit bourg provençal de 800 habitants, revient de loin. Situé à une quinzaine de kilomètres de Brignoles, le village a fait un pari fou : passer de l'agriculture classique à l'agriculture biologique. Une révolution dans une région réputée conservatrice et régulièrement menacée par la surproduction.
Tout commence en 1997, en pleine crise viticole, lorsque le maire, Michaël Latz, vigneron, et ingénieur agronome de formation, propose à tous les agriculteurs de passer en même temps au bio. Son constat est sans appel : la commune est enclavée et la faible superficie de ses exploitations morcelées - 10 hectares, soit trois fois moins que la moyenne provençale - la condamne à plus ou moins long terme à la disparition. «On jouait tout simplement notre survie économique".
Très vite, les vignerons se mobilisent derrière ce projet, conscients des atouts de leur sol : riche, sec, ensoleillé, et peu exposé aux maladies de la vigne. Les exploitations sont familiales et la culture traditionnelle. Le pari du bio fut donc lancé et réussi, grâce à des aides financières de l’Etat.
Aujourd'hui, la quasi-totalité des vignes et 95% des terres restantes sont cultivées selon les critères de l’agriculture biologique. Aucun pesticide n'est désormais employé. La coopérative, qui était sur le point de fermer faute de rentabilité, a absorbé sa voisine du village du Val. La production est passée de quelques dizaines de milliers de bouteilles en 1996 à près de 900 000 aujourd'hui.
Regroupés dans l'association des maîtres vignerons bio de Correns, les viticulteurs ne regrettent pas leur choix. Selon eux, le passage au bio a changé la donne. Ils ont pu améliorer considérablement la qualité de leurs vins, rouges, blancs et rosés et atteindre des marchés à l'export. Leur méthode de travail a bien sûr changée exigeant plus de présence dans les vignes et plus d’attention, mais au bout du compte, tous se sentent gagnants.
L'expérience a aussi redonné vie au village. Les terres à vignes en repos - l'arrachage a lieu en moyenne tous les six ans - servent désormais à cultiver des plantes aromatiques et médicinales, lavande, sarriette, sauge, origan, thym...
Dix années sans adjonction de produits chimiques dans les sols commencent également à porter leurs fruits. Un céréalier, des maraîchers, un apiculteur, un éleveur de poules et un chevrier, qui fabrique des fromages, ont suivi le mouvement. L'agriculture biologique est désormais la marque de fabrique de Correns.
La mairie a été refaite en haute qualité environnementale (HQE), le troisième week-end d'août est depuis 2000, le rendez-vous de la Fête de la bio et du naturel.
Chaque semaine, la cantine scolaire sert un repas bio aux enfants.
En 2001, la commune a été récompensée pour sa politique globale par le trophée des éco-actions des Eco maires et, en 2002, par le ministère de l'Environnement, label «Merci, dit la planète».
La protection de l'environnement a aussi permis au village de développer l'écotourisme.
L'expérience est unique en France. Car, à Correns, le passage à l'agriculture biologique s'est fait sans rupture sociale ni idéologie. En se transformant de l'intérieur, avec l'adhésion de ses habitants autour d'un vrai projet de développement durable.
«Nous ne sommes pas des intégristes du bio, précise le maire de Correns. Notre démarche est aussi économique qu'écologique. Mais nous avons prouvé, il me semble, qu'une approche mêlant respect de la nature et technologie moderne permettait un développement durable, au vrai sens du mot.»
Le site web du village de Correns : http://www.correns.fr